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L’innovation par la formation: Le Centre AAA sort de ses murs

L’innovation par la formation: Le Centre AAA sort de ses murs

Depuis deux ans, les jeunes filles en apprentissage de couture du Centre Akany Avoko Ambohidratrimo réalisent des serviettes hygiéniques lavables, dans des cotons colorés. Ces fabrications présentent un progrès énorme d’un point de vue écologique et économique pour des milliers de femmes:  ne plus utiliser de matières jetables, nocives pour l’environnement et pour l’organisme, et réduire de 10 à 1 la charge financière que représentent les règles chaque mois.

L’UNICEF, intéressé par l’aspect écologique et égalitaire de ces fabrications, en a commandé 5000 au centre pour les distribuer à des jeunes femmes pour lesquelles les règles constituaient chaque mois un véritable problème de santé publique, cette question étant le plus souvent considérée comme un tabou et rarement traitée. La fabrication de ces 5000 serviettes a constitué un véritable challenge pour le centre qui a du se procurer un important métrage de tissu et en avancer le prix sur des ressources extrêmement réduites, puis trouver des aides pour la confection car il était hors de questions de faire supporter la charge de travail à des enfants.

La solidarité aidant – ce n’est pas un vain mot à Madagascar – la détermination et le travail ont payé, puisque les serviettes ont été livrées à temps et l’UNICEF projette de nouvelles commandes.

Mais la réussite ne s’arrête pas là! le Centre a été sollicité pour devenir centre de formation de couturières par CRS Madagascar en partenariat avec les membres du consortium (CARE, WaterAid, BushProof, et Sandandrano), qui met en œuvre le Projet Accès rural aux nouvelles opportunités en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (RANO WASH) avec le financement du Gouvernement des Etats-Unis à travers l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID).

Début septembre s’est donc déroulé au Centre une session de formation, réunissant 30 femmes provenant de trois régions (Atsinana, Alaotra Mangoro et Vatovavy Fitovinany). Elles ont été hébergées au Centre pendant 4 jours, ont reçu quelques fournitures de base, ont eu accès à des machines à coudre avec, pour certaines d’entre elles un initiation à leur utilisation.Très enthousiastes dans l’apprentissage de ces nouvelles techniques, elles sont rentrées chez elles avec quelques serviettes pour leur usage personnel qu’elles pourront utiliser pendant trois ans, et surtout un savoir-faire nouveau qui pourra constituer une source de revenus puisqu’elle seront en mesure de fabriquer et de faire fabriquer de nouvelles serviettes. La création de cette activité lucrative sera soutenue par CRS Madagascar.
Voici le compte rendu vivant de ces journées de formation par Madame Lalasoa, la directrice du Centre et initiatrice du projet

FABRICATION DE SERVIETTES HYGIENIQUES

RAPPORT SUR LA FORMATION

La formation de couture de serviettes hygiéniques s’est déroulée du 11 au 15 Septembre à Akany Avoko Ambohidratrimo. Trente femmes étaient hébergées au centre AAA pour apprendre à coudre des serviettes en tissu. Elles étaient prêtes à apprendre de nouvelles choses et très enthousiastes à cette idée

Les trente femmes provenant des trois régions

Le premier jour, le mardi 11 Septembre, les femmes se sont présentées et ont reçu leurs fournitures telles que la règle, les stylos, le crayon, le cahier, l’emballage et les chemises cartonnées.

Le premier cours consistait alors à leur présenter les intérêts de l’utilisation des serviettes lavables. Elles ont chacune reçu un document expliquant les inconvénients des serviettes hygiéniques plastiques ainsi que l’existence d’une alternative : les serviettes hygiéniques en coton lavables.

Grâce à une comparaison de chiffres, elles ont pu se rendre compte des avantages de l’utilisation des serviettes écologiques. Chaque femme dépense chaque année 15400 Ariary dans l’achat de ces produits extrêmement nocifs pour la santé mais aussi pour l’environnement.

Cela les a donc motivées à recevoir cette formation. Aussi, avec l’esprit d’équipe qui a régné au sein de chaque groupe, elles se sont montrées très dynamiques et s’entraidaient en cas de besoin.

Elles ont aussi pu avoir une base de business plan. Elles peuvent dégager d’importants bénéfices, personnels et matériels. Avec 3m de tissus coton fin, elles peuvent fabriquer 6 porte-serviettes, et avec 4 m de coton, les serviettes qui vont avec. Avec moins de 50000 Ariary, elles peuvent donc fabriquer des serviettes pouvant servir pendant trois ans, ce qui leur fait économiser 154000 Ariary chaque année sur trois ans. De plus, en vendant leurs produits, elles peuvent aussi faire un bénéfice de 50% du prix.

Elles ont ensuite observé les échantillons de serviettes cousues, puis commencé à faire le gabarit du porte-serviettes. Après l’avoir découpé, elles ont obtenu un gabarit ayant exactement les mêmes mesures que l’échantillon. Puis elles ont chacune reçu leurs tissus et ont commencé à les découper.

L’après-midi elles ont tout de suite commencé à coudre à la main. Elles ont donc cousu leurs premières serviettes hygiéniques le premier jour.

Le deuxième jour elles ont découpé les serviettes en coton épais. Elles étaient ravies de pouvoir coudre de beaux tissus et de pouvoir en faire des choses très utiles. Chacun a reçu quatre mètres de flanelle. Toute la journée du Mercredi 12 Septembre consiste alors au découpage des tissus.

Durant le troisième jour, elles ont commencé à coudre avec des machines. Ces dernières étant au nombre de dix, elles ont dû s’organiser pour que tout le monde puisse y passer et coudre ses serviettes. Les premières heures ont servi à la familiarisation de ces femmes avec des machines que la plupart d’entre elles n’a pas l’habitude d’utiliser. Elles ne sont pas découragées même si ce n’était pas facile. Au bout de quelques heures, elles ont pu commencer à coudre leurs serviettes. Après une heure, une autre occupait la machine, et ainsi de suite.

Le quatrième jour, comme elles maitrisaient la couture de serviettes hygiéniques, elles ont commencé à découper les culottes sur du tissu coton élastique. Elles ont très bien assimilé le patron et la couture de culottes, et ont donc eu le temps d’apprendre d’autres choses concernant le recyclage, qu’elles pourront appliquer dès qu’elles seront de retour chez elles. Nous avons partagé avec elles les techniques de fabrication des poufs en bouteilles plastique, des boucles d’oreilles en tissu et carton recyclés et des sacs en tissus. Elles se sont dites prêtes à partager toutes ces nouvelles connaissances sur le recyclage avec leur entourage.

Elles sont rentrées chez elles le Samedi 15 Septembre à six heures trente du matin, ravies de tous ces nouveaux savoirs acquis.